La conférence d’Olivier Bour : « Une hirondelle ne fait pas le printemps »

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En introduction à sa conférence, Olivier Bour, s’interroge : « Quel est le rapport entre la philosophie et les  proverbes ? ». « Les proverbes ont-ils été repris par les philosophes ? Ou bien, est-ce l’inverse ? ». Il dit la prétention des philosophes à reprendre les proverbes et à les reformuler pour leur donner plus de consistance.  Un proverbe doit donner une vision d’ensemble sur la manière de vivre, il a une prétention de globalité, de systématicité.

Le proverbe qui sert de point de départ à l’intervention d’Olivier Bour apparaît quant à lui pour la première fois dans un ouvrage du grand philosophe grec Aristote (384-322 av. JC), dont on aurait d’ailleurs retrouvé récemment la tombe à Stagire, ancienne cité de Macédoine.

Ce proverbe d’Aristote existe dans d’autres langues. Il montre qu’il faut rester prudent, modeste et parler avec pondération. Il ne faut pas généraliser à partir d’un cas unique. C’est tout le contraire, par exemple, de la démarche raciste qui part d’un cas isolé pour en faire une généralité.

Mais bien avant Aristote, Esope (vers 621-vers 564 av. JC) avait déjà écrit une fable intitulée « Le jeune prodigue et l’hirondelle » dans laquelle, après avoir aperçu une hirondelle, un jeune qui avait dilapidé son patrimoine vendit son manteau, la seule chose qui lui restait. Malheureusement, le mauvais temps revint, et le jeune prodigue retrouva l’hirondelle morte de froid. Cette fable montre que ce que l’on fait à contretemps est hasardeux.

Les proverbes sont pour Olivier Bour l’occasion d’aborder le rôle de la parole et sa construction : comment à partir d’un mot on arrive une concrétion nominale (deux mots) puis à un proverbe. Ce dernier peut dériver vers d’autres, en modifiant un mot ou en en ajoutant un autre (exemple : « L’argent ne fait pas le bonheur » que Coluche avait modifié en y ajoutant « des pauvres »).

Olivier Bour est parti du grec pour expliquer la construction de mots que l'on retrouve dans la langue française
Olivier Bour est parti du grec pour expliquer la construction de mots que l’on retrouve dans la langue française

La parole, c’est ce que je dis aux autres ou ce que je me dis à moi-même. Les mots sont pour nous les cailloux blancs du Petit Poucet.

La conférence se termine par une présentation de la pensée d’Aristote « en 10 minutes », résumée ici en quelques mots. Pour le philosophe grec, une vie réussie est une vie dans laquelle on se sent bien. Le bonheur n’est pas une question de chance et chacun y est pour quelque chose. Un homme vertueux, c‘est quelqu’un qui donne ce qu’il y a de mieux en lui, dans tous les secteurs de la vie, en tenant bon quels que soient les hasards et les aléas de la vie.

La discussion s’ouvre avec le public et une personne faisant référence aux chanteurs modernes rappelle les mots de Charles Trenet : « Y  a d’la joie, bonjour les hirondelles, Y  a d’la joie, dans le ciel par-dessus le toit… », ainsi que ceux de Jean Ferrat : « Comment peut-on imaginer, En voyant un vol d’hirondelles, Que l’automne vient d’arriver ». Cette personne poursuit en expliquant que nous avons besoin d’illusions pour vivre et se demande s’il faut toujours être actif, se projeter toujours dans le passé ou dans l’avenir au risque de ne pas vivre au présent.

Des échanges entre le conférencier et son auditoire
Des échanges entre le conférencier et son auditoire

Olivier Bour, précise qu’à chaque instant l’homme doit faire des choix. Il doit aussi faire des efforts pour progresser pour lui-même et pour les autres.

Pour l’heure, il se demande également si le printemps est bien arrivé, même si aucune hirondelle n’est visible aux alentours de la chapelle Saint-Roch.