Près de 70 convives à la conférence sur l’histoire de la soupe

Photo du public

L’Association des Amis de la Chapelle a accueilli ce dimanche Claude Thouvenot venu nous conter l’histoire de la soupe.

Il a rappelé que celle-ci est apparue dès que les hommes ont su maîtriser le feu et que son nom désignait à l’origine une tranche de pain. Il a ensuite articulé son intervention autour de trois thèmes : soupes de nécessité, potages de plaisir, bouillons de santé.

Les soupes de nécessité « ont assuré la survie, sinon le confort surtout lors des disettes et famines qui ont émaillé l’histoire de France« . D’où le terme de « bouillon de famine« . Elles étaient le lot de ceux qui avaient « plus d’appétit que de dîners » pour reprendre Chamfort, le moraliste du XVIIIe siècle. Leur composition s’est ensuite améliorée avec introduction de viande, surtout pour les repas des jours de fête à la fin du XIXe siècle.

Les potages de plaisirs sont apparus chez « ceux qui ont plus de dîners que d’appétit » selon le même Chamfort. Etymologiquement, ils correspondent à « tout ce qui se cuit dans au pot« . Ils prennent des épithètes plus flatteuses : impératrice, duchesse, Pompadour, Sévigné, Montespan… et leurs recettes apparaissent dans des ouvrages. Leur composition s’enrichit à l’exemple du pot-au-feu, considéré comme le roi des potages.

Quant aux bouillons de santé, leur utilisation est avérée chez les égyptiens avec celui de vipère recommandé contre la peste et l’éléphantiasis et dont la reprise à la fin du XVIe siècle a entraîné la quasi disparition de ces reptiles au Poitou. Mme de Sévigné en vantait les effets bénéfiques sur sa santé dans ses « Lettres » en 1726. Le bouillon de mille-pattes soignait la jaunisse, celui de fourmis la goutte…

L’orateur a également parlé des Fêtes et Festivals de la soupe dont le plus ancien est celui de Wazemmes qui a eu lieu pour la seizième fois cette année dans ce quartier de Lille. Dans cette manifestation les 3 meilleures soupes se voient attribuer une récompense et la première gagne la « Louche d’or ». Depuis d’autres sont apparus en France comme à l’étranger. Non loin de Saint-Dié, on citera ceux Fraize, Bruyères, Sainte-Croix-aux-Mines et Nancy.

Il a également été question des « Disco soupes« , ces manifestations anti-gaspillage alimentaire et solidaires créées en 2012 à Paris.

Enfin, l’orateur a conclu par l’histoire de la soupe aux cailloux qui est un conte mettant en lumière la solidarité et le partage.

Photo de Claude Thouvenot
Après sa conférence Claude Thouvenot a goûté plusieurs soupes.

Les participants se sont ensuite retrouvés dans les jardins de la chapelle autour de 11 soupes, préparées par des cuisinières et cuisiniers, membres ou non de l’association. A raison de 3 à 4 litres par plat, quasiment tout a été consommé. C’est dire si le conférencier avait mis son public en appétit, malgré les quelques recettes anciennes peu ragoutantes comme dont il venait de parler : soupes aux mille-pattes,  aux fourmis, aux chenilles, à l’ambre ou aux vipères.

Photo autour de la soupe à la banane et du bouillon phở (Vietnam)
Autour de la soupe à la banane et du bouillon phở (Vietnam)

Il y avait des soupes d’ici comme celles au choux fleur, au lait, à la courge et au beurre de noix grillées, aux lentilles vertes et aux lardons ou à l’ail des ours, et des soupes d’ailleurs tels le Bortsch d’Ukraine, le bouillon phở (prononcez feu-euh) du Vietnam, la Harira du Maroc, le Lablabi de Tunisie, la soupe à la banane des Antilles et le velouté de butternut du Québec.

photo de la cuisinière du bortsch
Evgenia, la cuisinière du bortsch

La chaleur des soupes et la convivialité ont réchauffé les convives, malgré une température que l’on dira « de saison ».

Cela a été l’occasion de découvrir des saveurs et des recettes parfois inhabituelles, mais toutes savoureuses, comme la soupe à la banane ou le velouté de butternut au sirop d’érable.

Photo lablabi
Chacun pouvait composer son lablabi, soupe tunisienne.

Les recettes de ces différentes soupes, toutes aussi délicieuses les unes que les autres, seront prochainement mises en ligne sur notre site.

Retrouvez l’article de Jeannette Férin paru dans Vosges Matin le 10 octobre : les-yeux-dans-le-bouillon-de-jeannette-ferin-vosges-matin-10-10-2016.