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Lorsque l’on se nourrissait totalement sur ses champs et ses jardins

Nous publions (voir le lien ci-des) le texte de la conférence « Lorsque l’on se nourrissait totalement sur ses champs et ses jardins » que Claude Thouvenot, ancien directeur de recherche au CNRS, spécialiste de la géographie alimentaire, a présenté le 8 octobre dernier à la chapelle.

LORSQU’ON SE NOURRISSAIT TOTALEMENT SUR SES CHAMPS ET SES JARDINS-Claude Thouvenot-8 octobre 2017

Photo de Claude Thouvenot
Claude Thouvenot mangeant une soupe après sa conférence d’octobre 2016

L’auteur s’appuie sur son expérience personnelle et familiale à La Chapelle-aux-Bois, un petit village de la Vôge, durant les années trente et quarante, à une époque où, sans en parler, l’on mangeait bio et où l’on utilisait les circuits courts de façon quasi exclusive.

les participants dégustant des soupes à la chapelle
Dégustation de soupes à la chapelle

Des soupes appréciées

Le public autour des stands de dégustationPrès d’une centaine de  personnes étaient présentes pour cette deuxième animation consacrée à la soupe par les Amis de la Chapelle Saint-Roch.

Une édition plus riche encore que celle de 2016 avec 17 soupes et potages  préparés par des bénévoles et amis de l’association, dont deux préparations froides qui ont eu autant de succès que les soupes chaudes.

Photo d'une soupe portugaise caldo-verde

Il y en avait pour presque tous les goûts avec soupes douces et d’autres épicées, mais pas trop, avec des soupes d’ici  mais aussi d’ailleurs : Portugal, Pologne, Espagne, Italie, Turquie, Mexique et Inde.

Au total, ce sont prés de 70 litres de qui ont été dégustés par les convives.

Auparavant, la majorité d’entres eux avait pu entendre Claude Thouvenot parler de ce temps pas si lointain où l’on se nourrissait totalement sur ses champs et de ses jardins, à l’image de son village de La Chapelle-aux-Bois dans les années 1930 et 1940. Une époque difficile, mais où, notamment grâce au jardin familial, à la basse cour et à quelques arbres fruitiers chacune et chacun pouvait manger à faim, même les plus modestes.

Photo de l'orateur et du public
La causerie de Claude Thouvenot

Le conférencier a également fait revivre les différents acteurs du village, dont le maire et l’instituteur qui avaient eux aussi leur jardin, sans oublier les commerçants locaux dont le cafetier ainsi que le caïfa, le marchand ambulant de sucre et café.

Il a également parlé d’actualité avec les jardins partagés qui se développent dans les villes, petites ou grandes, mais aussi de l’association Terre de liens qui aide des jeunes à créer des fermes à taille « humaine » se consacrant à une agriculture plus respectueuse de la nature, en opposition à celle qui repose sur l’utilisation de produits chimiques, dont les pesticides.

Le caïffa et sa charrette tirée par un chien
Le caïffa, marchand ambulant de café et de sucre

Nous reviendrons dans les semaines qui viennent sur les recettes des différents soupes et potages proposés ce dimanche, tous différents de ceux de l’année dernière.

Dimanche 8 octobre à 17 heures : Ah ! La bonne soupe !

Affiche de manifestationAprès le succès de l’édition 2016, les Amis de la Chapelle Saint-Roch renouvellent leur animation autour de la soupe le dimanche 8 octobre à 17 heures.

On commencera par se nourrir l’esprit avec la conférence de Claude Thouvenot, ancien directeur de recherche au CNRS, spécialiste de la géographie alimentaire et habitué de la chapelle. Le titre complet de cette « causerie » (l’auteur préfère ce terme à celui de conférence) est :  « Lorsque l’on se nourrissait totalement sur ses champs et ses jardins ».

Photo de Claude Thouvenot
Claude Thouvenot dégustant une soupe après sa conférence d’octobre 2016

Claude Thouvenot s’appuiera sur son expérience personnelle et familiale à La Chapelle-aux-Bois, un petit village de la Vôge, durant les années trente et quarante, à une époque où, sans en parler, l’on mangeait bio et où l’on utilisait les circuits courts de façon quasi exclusive.

Photo autour de la soupe à la banane et du bouillon phở (Vietnam)
Dégustation de soupes en octobre 2016

Ensuite, viendra le moment de la dégustation. Une quinzaine de soupes et potages d’ici et d’ailleurs (Europe, Asie et Amérique) seront préparées pour l’occasion par les bénévoles de l’association.

Comme l’an dernier, les recettes seront publiées sur notre site dans les semaines qui viennent.

A l’occasion de cette manifestation, les participants pourront visiter l’exposition de photos de grand format sur les portes et porches de la ville de Philippe Colignon, installée dans les jardins de la chapelle à l’occasion des journées du patrimoine.

 

Dimanche 23 avril : Gantois, une épopée déodatienne. Derniers réglages avec l’association « La Poulie. »

L'affiche

Les amis de la Chapelle ont invité l’association La Poulie pour une animation sur « Gantois, une épopée déodatienne« .

Une dernière réunion a eu lieu pour régler l’organisation de cette animation qui aura lieu le dimanche 23 avril à 16 heures.

En voici le programme :

  • exposition dans les jardins,
  • intervention de Philippe Colin sur l’histoire de Gantois, entreprise emblématique de Saint-Dié,
  • projection d’un film,
  • débat animé par Christian Hocquel, président de La Poulie avec témoignage d’anciens salariés, en particulier sur le Centre d’Apprentissage de Gantois,
  • vente de cartes postales et de DVD de La Poulie.

L’entrée est libre.

photo des organisateurs
De droite à gauche : Philippe Colin, Christian Hocquel, Jean-François Riotte et Jean-Louis Bourdon

Santé et charité à la fin du Moyen Âge. Conférence de Damien Parmentier sous le regard de saint Roch

Photo de Damien Parmentier

Dimanche 9 avril, comme à son habitude, Damien Parmentier a tenu son public en haleine lors de sa conférence sur « Santé et charité à la fin du Moyen Âge. Hôpital et léproseries dans le Val de Saint-Dié aux XIVème et XVème  siècles« .

Les documents sur cette période sont relativement pauvres au niveau local, en particulier sur le plan iconographique, mais l’historien a pu partager avec ses auditeurs les connaissances acquises dans les archives du Vatican auxquelles il a pu accéder. Il a également rappelé l’importance du Chapitre de Saint-Dié qui dépendait directement de Rome, et n’était rattaché à aucun diocèse.

Les établissements hospitaliers du moyen âge n’avaient pas la fonction qu’ils ont actuellement. Etablissements destinés à offrir l’hospitalité au sens premier du terme, ils répondaient aux exigences de la charité chrétienne. Et l’hôpital, géré par les religieux, était là pour accueillir et soulager son prochain. Un prochain qui était tout aussi bien l’habitant du territoire, malade ou indigent, que le voyageur de passage que l’on accueillait avec ses animaux de bât, ânes ou chevaux.

La voie de passage principale de la ville étant à l’époque constituée par les rues de la Bolle et d’Alsace, c’est tout naturellement sur cet axe que s’établit dès le XIIIème siècle le premier hôpital déodatien. Situé sur la place du Vieux Marché, l’actuelle place Saint-Martin, il est également hors les murs de la ville, qui est alors entourée de remparts. Cette localisation avait, entre autres, un intérêt sanitaire permettant d’éviter la propagation des épidémies à l’intérieur de la ville. Ultérieurement cet établissement sera doté d’une chapelle qui deviendra le lieu de culte du quartier, puis sera remplacée par l’église Saint-Martin.

Les archives montrent qu’en 1291, le Chapitre de Saint-Dié a un compte spécial pour les indigents pris en charge par l’hôpital et qu’un des chanoines, et non des moindres, a la charge de le gérer avec un budget de 200 florins d’or. A titre indicatif, à cette époque, un bœuf vaut un dixième de florin. Au milieu du XIVème siècle, l’établissement a également un chanoine médecin, alors que ce métier était surtout exercé par des médecins juifs.

 

image de Saint Martin embrassant un lépreux
Saint Martin embrassant un lépreux

Ce n’est qu’en 1725 que le chapitre fera construire, pour une somme de 20 000 livres, un nouvel hôpital. Il occupera le même emplacement jusqu’en 1944, là où se trouve maintenant le lycée Jules Ferry, avant d’être reconstruit dans les années 1950 sur les hauteurs de la ville, avec une mise en service en 1960.

A côté de l’hôpital, sont construites des léproseries. La plus importante était située à La Chenal (route d’Herbaville, sur la droite, au delà du Taintroué), avec une chapelle dédiée à Saint Urbain. Elle avait son propre cimetière, ce qui n’était pas le cas de l’hôpital. Une autre léproserie sera construite rue d’Alsace, vers Sainte Marguerite. Enfin, si la chapelle Saint-Roch est connue pour ses pestiférés, elle a également reçu des lépreux.

La carte de Cassini de Saint-Dié
Carte Cassini avec les emplacements de l’hôpital et des léproseries.

Les lépreux reconnaissables à leur cotte plissée, n’étaient pas initialement des exclus et ils conservaient des droits. Ceux de La Chenal pouvaient également travailler dans les forêts de l’actuel massif de la Madeleine un massif qui leur doit son nom : Marie-Madeleine, disciple du Christ est en effet la patronne des lépreux.

 

Après le retour des croisades, l’attitude va changer vis-à-vis des lépreux, et l’on passe à une politique d’exclusion plutôt que de soins. Le diagnostic de lèpre est posé sur des critères pas forcément rigoureux, englobant d’autres maladies comme le psoriasis. Et la personne reconnue lépreuse « subit » une cérémonie « d’enterrement de vivant » à la suite de laquelle elle est conduite vers son lieu d’hébergement, avec interdiction de s’approcher trop près des gens, de toucher les produits, de circuler dans des rues ou chemins étroits, obligation de se déplacer avec une crécelle… Mais, il y aussi a des abus, et l’on place des délinquants dans les léproseries. Cela ne peut que retentir sur les conditions de vie dans ces établissements, où il se passe des choses pas très « catholiques ».

Lépreux agitant sa crécelle
Lépreux agitant sa crécelle. Barthélémy l’Anglais, Livre des propriétés des choses, France, fin du XVe siècle. Paris BnF.

 

Résumé de la conférence « Abeilles et santé »

Illustration de 1087
Éloge des abeilles. Rouleau Exultet Barberini, 1087. Musée du Vatican

On attribue au miel et aux autres produits en lien avec les abeilles des vertus thérapeutiques connues depuis l’antiquité. Certaines sont avérées, d’autres n’ont pas apporté la preuve scientifique de leur bénéfice voire relèvent du « folklore ».

« On en est-on exactement ? » Telle était la question posée par le président Jean-François Riotte à Jean-Louis Bourdon. Celui-ci s’est donc appliqué à apporter des réponses à cette interrogation.

Pour situer le sujet, l’orateur a présenté une liste non exhaustive des nombreuses pathologies (abeilles-et-sante-un-catalogue-a-la-prevert) pour lesquelles le miel, la gelée royale, la propolis, l’hydromel, la cire et le venin d’abeille, ainsi que le pollen, ont été proposés comme thérapeutique.

Dans les différentes civilisations anciennes, et même plus récemment, l’abeille était considérée comme un insecte sacré comme l’avait expliqué Agnès Pozza lors de sa conférence de septembre 2015.

Le miel, médicament universel ?

En tout cas dans ces civilisations, le miel et autres produits étaient considérés comme capable de résoudre tous les problèmes de santé. Ainsi, pour l’empereur chinois Shennong (- 2600-2700), le pollen et la gelée royale débarrassaient de cent maladies, dont celles du cœur, du foie, de la rate, des poumons et des reins. Dans la Rome antique, le miel était considéré comme un médicament universel et la devise des médecins romains était «mangez du miel et vous resterez en bonne santé ». Pour les chrétiens, la cire d’abeille était le symbole de la pureté à l’image de la Vierge et le coran considère le miel comme le remède des remèdes.

Ruches et abeilles. Illustration du 16e siècle
De materia medica. Texte grec de Dioscoride traduit en arabe au Xe siècle, puis en latin en 1518 et en espagnol en 1555.

Le miel, la propolis et la cire d’abeille sont réputés avoir, entre autres, des propriétés antimicrobiennes, antalgiques ou anesthésiques locales, anti-inflammatoires et cicatrisantes, et la gelée royale des vertus tonifiantes.

Le traitement des plaies

Les égyptiens (Papyrus de Smith et d’Ebers) et les romains utilisaient le miel pour le traitement des plaies. Les grecs, dont Hippocrate, lui reconnaissaient également cette indication. Ainsi un traité de Dioscoride (1er siècle) indique qu’il est utilisé pour les plaies purulentes. Ce document nous est parvenu par sa traduction arabe, puis latine et enfin espagnole en 1555.

Illustration de la traduction arabe du texte de Dioscorides. Ecole de Bagdad, 1224.
Préparation médicinale à partir du miel. Illustration de la traduction arabe du texte de Dioscorides. Ecole de Bagdad, 1224.

De nos jours le miel est proposé par plusieurs équipes chirurgicales et il existe des dispositifs médicaux à base de miel validés par des autorités sanitaires telle la Food and Drugs Administration aux Etats-Unis.

Ceci est lié aux propriétés bactéricides du miel au sein duquel des chercheurs hollandais ont notamment isolé en 2010 la défensine 1, un peptide qui pourrait à l’avenir être utilisé contre les bactéries multirésistantes.

Premiers diagnostic de grossesse et contraceptif ?

Hippocrate écrit  « Voulez-vous savoir si une femme a conçu, lorsqu’elle est sur le point d’aller dormir ? Faites-lui boire de l’hydromel à jeun ; si elle ressent des tranchées, elle est enceinte ; si elle n’en éprouve pas, elle n’a point conçu ».

Le papyrus d’Ebers se basant sur les vertus spermicides du miel, en propose une utilisation contraceptive. Pour qu’une « femme cesse d’être enceinte pour une année, deux ou trois ans. Une partie de Kaa d’acacia, de la coloquinte, des dattes seront moulues finement dans un pot de miel; une compresse sera humidifiée avec [la préparation], puis on l’appliquera sur le [sexe féminin]. On retrouve d’autres préparations à vocation spermicide chez les égyptiens à base de miel, dattes ou autres substances, excréments de crocodiles ou d’éléphants prescrits voici près de 3800 ans.

Le premier dentifrice ?

Le même papyrus d’Ebers propose pour améliorer l’hygiène buccale d’utiliser un mélange de petites particules de pierres concassées d’ocre et de miel placé sur les dents ou frotté sur la gencive avec les doigts.

Le romain Scribonius Largus décrit un « dentifricium » à base de farine d’orge, vinaigre, miel brûlé, sel minéral et huile de nard qui rend les dents d’un blanc brillant et les fait bien tenir.

Que tout ceci ne vous empêche pas de consommer du miel, à moins d’être diabétique (une cuillère à soupe de miel contient 11 g de glucides essentiellement du fructose et du glucose). Vous pouvez retrouver quelques recettes de gâteaux au mile sur notre site :

Soignez vos papilles avec du miel : deux nouvelles recettes de gâteaux

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Attirés par le miel des amis de la Chapelle

Pour sa seconde édition, l’animation autour des abeilles et du miel a amené plus d’une centaine de personnes sur les hauteurs de Saint-Roch le dimanche 11 septembre.

Des amateurs avides de parfaire leurs connaissances, mais aussi d’acquérir une partie de la production des petites locataires des ruches implantées dans les jardins de la chapelle par l’apiculteur Ismaël Sozcu.

Photo du public et d’Agnès Pozza
Un public attentif aux explication d’Agnès Pozza

L’après-midi a débuté par deux conférences : l’une sur « La transhumance des abeilles » par Agnès Pozza et l’autre sur « Les abeilles et la santé » par Jean-Louis Bourdon sur lesquelles nous reviendrons dans des articles ultérieurs.

Photo de Jean-Louis Perrotey et d'une partie du public
A la recherche de la reine avec Jean-Louis Perrotey

Jean-Louis Perrotey a ensuite expliqué de façon très pédagogique et illustrée le fonctionnement de la ruche ainsi que la vie des abeilles, celle de la reine et celle des bourdons. Les visiteurs ont pu observer les petites butineuses et leur reine dans un cadre de ruche protégé pour la circonstance par deux vitres. L’apiculteur leur a indiqué le lieu de stockage du miel dans la ruche et montré du pollen ainsi que de la propolis (qu’il consomme depuis longtemps et dont, dit-il avec humour, certains affirment qu’elle est efficace contre la calvitie).

Photo d'un groupe avec Ismaël Sozcu
Découverte du rucher avec Ismaël Sozcu

Après avoir dégusté différents gâteaux à base de miel, les plus courageux des visiteurs sont montés vers le rucher où, munis d’un masque de protection, ils ont pu suivre les explications d’Ismaël Sozcu et découvrir les ruches.

Les conditions climatiques de cette année ayant été catastrophiques durant les mois de printemps, la production de miel a été réduite et tous les amateurs n’ont malheureusement pas pu repartir avec leur pot de ce délicieux nectar. Rendez-vous est donné pour septembre 2017 pour la prochaine animation sur les abeilles.

Pour les cuisiniers et cuisinières (et pour ceux qui apprécient leurs talents culinaires), nous allons mettre en ligne, à la demande de plusieurs personnes, les recettes des gâteaux offerts ce jour à la dégustation.

Retrouvez les recettes :

Soignez vos papilles avec du miel : deux nouvelles recettes de gâteaux

Dimanche 11 septembre : les abeilles et le miel

Photo de la visite du rucher
La visite du rucher des jardins de la chapelle avec Ismail Sozcu en septembre 2015

L’association renouvelle cette année son animation sur le miel en partenariat avec les apiculteurs Jean-Louis Perrotey et Ismail Sozcu, qui gère les ruches des Jardins de la Chapelle et le Pays de la Déodatie.

Le programme :

Deux conférences : à 15 heures « La transhumance des abeilles » présentée par Agnès Pozza et à 15 heures 30 « Abeilles et santé » par Jean-Louis Bourdon.

A 16 heures, présentation de la ruche par Jean-Louis Perrotey, puis visite du rucher des Jardins de la Chapelle avec Jean-Louis Perrotey et Ismail Sozcu.

Dégustation de produits à base de miel.

Vente de Miel de la Chapelle au profit de l’association.

Photo de la présentation de la ruche par Jean-Louis Perrotey
Présentation de la ruche par Jean-Louis Perrotey en septembre 2015

La conférence d’Olivier Bour : « Une hirondelle ne fait pas le printemps »

Olivier Bour-IMG_0018-1

En introduction à sa conférence, Olivier Bour, s’interroge : « Quel est le rapport entre la philosophie et les  proverbes ? ». « Les proverbes ont-ils été repris par les philosophes ? Ou bien, est-ce l’inverse ? ». Il dit la prétention des philosophes à reprendre les proverbes et à les reformuler pour leur donner plus de consistance.  Un proverbe doit donner une vision d’ensemble sur la manière de vivre, il a une prétention de globalité, de systématicité.

Le proverbe qui sert de point de départ à l’intervention d’Olivier Bour apparaît quant à lui pour la première fois dans un ouvrage du grand philosophe grec Aristote (384-322 av. JC), dont on aurait d’ailleurs retrouvé récemment la tombe à Stagire, ancienne cité de Macédoine.

Ce proverbe d’Aristote existe dans d’autres langues. Il montre qu’il faut rester prudent, modeste et parler avec pondération. Il ne faut pas généraliser à partir d’un cas unique. C’est tout le contraire, par exemple, de la démarche raciste qui part d’un cas isolé pour en faire une généralité.

Mais bien avant Aristote, Esope (vers 621-vers 564 av. JC) avait déjà écrit une fable intitulée « Le jeune prodigue et l’hirondelle » dans laquelle, après avoir aperçu une hirondelle, un jeune qui avait dilapidé son patrimoine vendit son manteau, la seule chose qui lui restait. Malheureusement, le mauvais temps revint, et le jeune prodigue retrouva l’hirondelle morte de froid. Cette fable montre que ce que l’on fait à contretemps est hasardeux.

Les proverbes sont pour Olivier Bour l’occasion d’aborder le rôle de la parole et sa construction : comment à partir d’un mot on arrive une concrétion nominale (deux mots) puis à un proverbe. Ce dernier peut dériver vers d’autres, en modifiant un mot ou en en ajoutant un autre (exemple : « L’argent ne fait pas le bonheur » que Coluche avait modifié en y ajoutant « des pauvres »).

Olivier Bour est parti du grec pour expliquer la construction de mots que l'on retrouve dans la langue française
Olivier Bour est parti du grec pour expliquer la construction de mots que l’on retrouve dans la langue française

La parole, c’est ce que je dis aux autres ou ce que je me dis à moi-même. Les mots sont pour nous les cailloux blancs du Petit Poucet.

La conférence se termine par une présentation de la pensée d’Aristote « en 10 minutes », résumée ici en quelques mots. Pour le philosophe grec, une vie réussie est une vie dans laquelle on se sent bien. Le bonheur n’est pas une question de chance et chacun y est pour quelque chose. Un homme vertueux, c‘est quelqu’un qui donne ce qu’il y a de mieux en lui, dans tous les secteurs de la vie, en tenant bon quels que soient les hasards et les aléas de la vie.

La discussion s’ouvre avec le public et une personne faisant référence aux chanteurs modernes rappelle les mots de Charles Trenet : « Y  a d’la joie, bonjour les hirondelles, Y  a d’la joie, dans le ciel par-dessus le toit… », ainsi que ceux de Jean Ferrat : « Comment peut-on imaginer, En voyant un vol d’hirondelles, Que l’automne vient d’arriver ». Cette personne poursuit en expliquant que nous avons besoin d’illusions pour vivre et se demande s’il faut toujours être actif, se projeter toujours dans le passé ou dans l’avenir au risque de ne pas vivre au présent.

Des échanges entre le conférencier et son auditoire
Des échanges entre le conférencier et son auditoire

Olivier Bour, précise qu’à chaque instant l’homme doit faire des choix. Il doit aussi faire des efforts pour progresser pour lui-même et pour les autres.

Pour l’heure, il se demande également si le printemps est bien arrivé, même si aucune hirondelle n’est visible aux alentours de la chapelle Saint-Roch.